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Zootopie, ou comment Disney revisite le monde animalier

Et si le monde était fait uniquement d’animaux ? Et si ceux-ci avaient des problèmes de société purement humains ? Et si un animal endossait le rôle de popstar ? Bienvenue à Zootopie, la métropole imaginaire de Disney.

Imaginez une lapine qui, destinée à cultiver des carottes de père en fille, rêve de briser cette transmission générationnelle en réalisant son rêve américain : devenir la première lapine recrutée par la police où lions, éléphants et rhinocéros ont le monopole dans ce milieu purement macho.  

Voilà l’histoire de Judy, cette « self made lapine » et héroïne du niveau film d’animation Disney. Car dans Zootopie, le studio, dont l’histoire a commencé il y a bientôt 90 ans avec un lapin, Oswald, puis une souris, Mickey Mouse, donne aux animaux une apparence des plus humaines, aussi bien sur le plan physique que social. Tous dressés sur leurs deux pattes arrière, ces personnages peuplent une métropole où chaque race a un métier prédestiné : le lion, en bon roi des animaux, est le maire de la ville ; les castors sont les pros du BTP ; les lapins d’excellents agriculteurs (et reproducteurs) ; le renard se veut prince de la ruse. Et c’est justement ce dernier qui endosse le rôle de second personne principal pour composer le duo lapin flic / renard voleur. Un duo contraint de mener une enquête policière, dans la construction classique d’un buddy movie qui n’est pas sans rappeler L’Arme Fatale.

Et ce n’est pas le seul clin d’œil à Hollywood, quelques allusions aux succès du cinéma étant habillement glissées dans le film, dont La Reine des Neiges à plusieurs reprises. Les lapins crétins, personnages animés venus du monde des jeux vidéos, sont également cités. Il faut dire que la communication faite autour du film avait annoncé la couleur. En plus de parodier un célèbre magazine américain et de revisiter les affiches publicitaires de plusieurs marques de luxe, Zootopie a imaginé en version animale les affiches de grands succès du cinéma dont Star Wars, 50 nuances de Grey, Cendrillon et Jurassic World.

   

Les fonctionnaires aussi en prennent pour leur grade, en témoigne l’animal que Disney a choisi d’associer aux employés de la préfecture : le paresseux. Et d’offrir l’une des scènes les plus hilarantes de ce film.  

Libéré, délivré de l’obligation de faire chanter les personnages et de sauver des princesses, Disney se rapproche ici de la patte Pixar. Et ce n’est pas un hasard lorsque l’on sait que John Lasseter, à l’origine de Toy Story et Cars pour ne citer que ces longs-métrages des studios Pixar, est producteur délégué de Zootopie.  

Pas moins de 64 espèces animales sont fidèlement reproduites dans ce film. Un record, et un souci du détail né d’une éthologie, qui a demandé 18 mois de recherche à l’équipe du film pour étudier le comportement des animaux.  

Avec un scénario bien ficelé et proche du polar, une sublime réalisation aussi bien artistique que technique, le tout agrémenté d’un humour omniprésent, Zootopie réussi le pari de rendre plus humain que jamais les animaux, et de travailler sur la dualité entre les proies et les prédateurs comme une problématique très humaine. Un film qui lance parfaitement une année où le cinéma d’animation se veut très animalier.

 

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