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Mommy, le tsunami cinématographique de la rentrée

Dernier film en date du jeune et prodigieux réalisateur québécois Xavier Dolan, Mommy, apparu sur nos écrans début octobre, est le récit poignant d’une mère et de son fils adolescent, atteint de troubles comportementaux. Alors que l’hyperactivité est actuellement au cœur des débats médicaux, Dolan dépeint avec sensibilité et subtilité le drame d’une mère dont tout l’amour aussi grand soit-il n’a aucune prise sur le psychisme perturbé de son fils.

Diane, interprétée par la spectaculaire Anne Dorval, est une femme à la personnalité complexe et néanmoins terriblement attachante. Heurtée par les épreuves de la vie, elle dissimule les blessures derrière des tenues excentriques et un langage provocant tout en faisant preuve au long du film d’une humanité et d’un courage profondément bouleversants. Tout commence lorsque celle-ci doit aller chercher son fils Steve (le très juste Antoine Pilon), renvoyé du centre correctionnel pour avoir déclenché un incendie dans la cafétéria et gravement blessé un de ses camarades. Diane doit réapprendre à vivre avec son fils dont le comportement excessif, les crises et les injures empoisonnent très vite la complicité et la tendresse qu’ils partagent. Kyla (l’émouvante Suzanne Clément), voisine timide et effacée, souffrant de bégaiement, va faire basculer la dynamique du duo explosif pour former un trio amical en parfaite symbiose, puissant et uni contre l’adversité.

Xavier Dolan signe ici un petit chef-d’œuvre, savamment rythmé par une bande son moderne et entraînante qui vient compléter des prises de vue colorées et puissantes, voire hypnotisantes. On sort bouleversé de ce psychodrame familial déchirant au cours duquel l’on a oscillé entre rire et larmes, malaise et plaisir, dégoût et empathie. Dolan a su retranscrire avec génie la complexité d’une relation filiale fusionnelle et torturée où l’amour peut céder place à tout moment à la violence. Récompensé à juste titre par le prix du jury du Festival de Cannes, Mommy fait honneur au cinéma québécois.       

Crédit photos : Shayne Laverdiere