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La Haute Couture dans les pas des exploratrices

Julien Fournié aime les héroïnes. Plus que leur statut, c'est leur histoire qui inspire le couturier: au point où il construit le récit de sa propre collection basé sur les expériences de ces femmes.

  

Les grandes exploratrices sont à l'origine de sa réflexion de la Haute Couture été 2015 intitulée Première Initiation: des femmes, souvent bien nées, qui dès le 19ème siècle, ont décidé un jour de découvrir un monde nouveau, inconnu et parsemé de dangers. Libres et fortes, elles se sont affranchies de leur carcans sociaux pour aller au bout de leur vocation, parfois en y laissant leur vie. Beaucoup connaissent Alexandra David Neel, la première femme à se rendre au Tibet. D'autres, comme Alexandrine Tinné et, plus près de nous, Barbara Hutton, se sont passionnées pour l'Afrique et le Moyen-Orient. Au-delà de l'aventure initiatique, leur désir tient également de l'introspection, comme un paradoxe entre les grandes distances géographiques et la recherche de vérité en soi.

En se servant de cette matière, historique et philosophique, Julien Fournié a dessiné une collection dont l'objectif était surtout d'habiller les femmes de notre époque pour leur "bien-aller" comme il dit. Avec la volonté de témoigner son attachement à ces héroïnes en les rendant modernes, bien ancrées dans notre époque. 

 

Dans sa mise en scène sur le podium,  le couturier a souhaité faire débuter le show par quelques silhouettes issues de sa nouvelle ligne capsule de prêt-à-porter qui connaît un succès grandissant, avant de poursuivre en Haute Couture avec des modèles de plus en plus luxueux.

Dès les premiers passages, une évidence s'impose: tout en étant très féminins, près du corps, les vêtements sont très confortables et sensuels à la fois: les jupes et les robes, avec leur ligne très ajustée, affichent une fluidité parfaite, aussi bien dans le choix des tissus que par les coupes parfaitement maîtrisés. L'aisance toujours, dans cette combinaison dont on imagine qu'elle sera juste sublime aussi bien en ville qu'en voyage. Le petit manteau fluide, un élément issu directement du vestiaire de la couture classique, rebrodé subtilement sur le haut, qui habillera n'importe quelle tenue: encore un indispensable totalement intemporel. Il est ici assorti à une fabuleuse robe en maille jacquard fabriquée par une maison française basée à Castres. Avec les chaussures  qui ont un faux air de sneakers, c'est un look dont on a tout de suite envie. 

Comme le précise Julien Fournié, ce sont les détails et les accessoires qui racontent l'histoire qui est à l'origine de la collection. Les imprimés font partie de ces éléments: inspirés de la calligraphie soufi, il les a dessinés sur les tissus en y apportant sa touche personnelle. Les colliers, les plastrons et les parures sont d'autres touches avec une forte identité orientale. Ces bijoux ont marqué le public par leur splendeur. Certains sont conçus comme un prolongement du vêtement, posés sur les épaules pour une attitude ultra-féminine. Dans sa quête d'authenticité, Julien Fournié a fait appel à un artisan Touareg pour réaliser quelques bijoux, des créations uniques de toute beauté. Sans oublier les tissus lamés or, les matières aux reflets d'argent ou en dégradés subtils qu'il a fait développer, certainement pour accentuer la sensualité des femmes et capter la lumière, un autre postulat du couturier qui lui rappelle l'Orient. Et pour plonger visuellement dans cette ambiance, il se sert d'une palette de tons chauds caractéristiques de l'Afrique et qu'il applique aussi bien au vestiaire qu'aux bijoux: le rouge henné, le bleu turquoise et les tons dorés sont des leitmotivs constants et dont l'intensité est plus ou moins forte selon les looks. 

Les codes de sa mémoire orientale apparaissent à chaque étape: en filigrane d'abord puis avec une présence plus éclatante au fur et à mesure de la progression du défilé.  Certaines robes couture deviennent de véritables oeuvres d'art, portées par des déesses pleines de mystère . 

 

Dans cette collection, un hommage particulier est rendu aux actrices de l'âge d'or du cinéma égyptien. Souvenons-nous de la manière dont elles jouaient avec les voiles en mousseline qui faisaient partie du jeu de séduction. Julien Fournié a utilisé ces tissus pour les draper en capuchons burnous autour des têtes de ses mannequins, comme pour apporter une touche de mystère supplémentaire. Les visages sont ainsi mis en lumière avec leurs expressions altières. Le jeu du regard qui est un autre outil de séduction, a pris une dimension essentielle dans la scénographie de cette collection. En poussant sa réflexion artistique jusque dans la manière d'orienter le regard de ses mannequins, immobile et fixé au loin, Julien Fournié n'a décidément rien laissé au hasard. Le makeup artist, Nicolas Degennes, s'est approprié cette histoire par un maquillage des yeux égyptien, en appliquant un trait d'eyeliner épais s'étirant vers les tempes, tout en rosissant les joues pour un rééquilibrage en douceur.

 

En règle générale, la mariée marque non seulement l'apogée de la collection mais résume la quintessence de la vision du couturier. Par la splendeur de sa reine d'Egypte qui a clôturé le show, une exploratrice de la liberté pour continuer la métaphore du couturier, ce dernier nous a prouvé qu'il maîtrisait son métier, ou devrions-nous dire son art, sur le bout des doigts.